Loin des négociations menées par les experts, les Etats tardent à intégrer le changement climatique dans leur budget.
En affirmant devant les médias au cours de la conférence de presse de clôture de la conférence internationale d’Accra, la capitale ghanéenne, du 21 au 27 août 2008, que « les travaux ont été un succès », le secrétaire exécutif de la convention cadre des Nations unies pour le changement climatique (Ccnucc), le modérateur général des négociations, Luis Figueiredo Machado et le rapporteur du groupe de travail, Harald Dovland, n’ont pas manqué de souligner que les gouvernements des pays en voie développement, notamment ceux d’Afrique, doivent s’impliquer au plus haut niveau dans le processus en cours.
« Des projets accordant des facilités à la lutte contre ces effets existent. Les Nations unies sont engagées à accorder des financements pour soutenir les efforts des pays du Sud. Il convient pour cela que ceux-ci donnent des gages de bonne fois en intégrant les préoccupations liés au changement climatique dans leurs projets de développement », a dit M. de Boer répondant à une préoccupation de journaliste. Non loin de là, à la sortie de la salle, le secrétaire exécutif de la commission interministérielle en charge du changement climatique au Brésil, José Domingos Gonzalez Miguez émettait de sérieuses réserves sur la volonté de certains pays notamment pauvres.
Pour le Cameroun, les pouvoirs publics étaient représentés à la conférence d’Accra par l’un des points focaux de la question du changement climatique au ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (Minep), Joseph Armathé Amougou. En sa qualité d’expert, il a conclu à une avancée du processus. Pour lui, l’avenir des négociations dépend de la capacité du groupe du bassin du Congo comme du groupe de 77 à défendre ses positions. Et ces préoccupations sont les suivantes: « Soutien à la conservation, redevance aux plus grands pollueurs et aux auteurs de déforestation ». M. Amougou souhaite davantage de progrès au niveau du Cameroun où selon des sources au niveau du gouvernement camerounais, en matière de désertification, le Minep a élaboré un « plan national contre la désertification » qui tarde cependant à être mis en route.
A Yaoundé, la capitale du pays cependant, des sources bien introduites à la présidence de la République font savoir que le dossier sur l’observatoire annoncé par le chef de l’Etat, Paul Biya à la tribune de l’Onu, est sorti du ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature au mois de février 2008. Le processus piétine au niveau des services du Premier ministère où les textes préparés par le Minep auraient été vidés de leur contenu. Il s’agit pourtant d’une structure dont les missions entre autres devraient être d’anticiper sur les phénomènes comme le stress hydrique ou alimentaire. Mais aussi des incidences sur la santé, le tourisme, la pêche et l’industrie. De son côté, le Fond mondial pour la nature, attend que l’observatoire soit formé pour lui allouer le financement nécessaire. Comme ailleurs dans de nombreux autres pays d’Afrique au Sud du Sahara (la République démocratique du Congo par exemple), la budgétisation du volet changement climatique que la Ccnucc souhaite plus concret, n’est pas effective.
Suppression
Sur la même lancée, lors de la conférence de presse de clôture, à la question où se situent les Etats-Unis dans toute cette mouvance, posée par un journaliste à Yvo de Boer. Le secrétaire exécutif du Ccnucc a répondu que « ce pays ne se sent pas concerné ». « Doit-on conclure à une bonne ou une mauvaise nouvelle? », a poursuivi le journaliste. « A pas de nouvelle du tout », a conclut M. de Boer. Toujours est-il que M. Gonzalez Marquez se dit en phase avec les Nations unies. « Nous sommes d’accord avec la direction du Ccnucc sur la réelle implication des gouvernements dans le processus. Ceci veut dire, la mise en place au sein des Etats de mécanismes concrets et des instances viables pour le suivi du processus.
Comment peut-on s’adapter aux changements climatiques déjà visibles dans différentes parties du monde, si l’on ne fait aucun effort d’implémenter ce qui se discute dans ce cadre depuis Rio? Comment va-t-on parvenir à prévenir des phénomènes sans volonté politique en interne? Les réponses à ces questions se trouvent entre les mains des exécutifs de nos Etats », croit-il savoir. M. Gonzalez Miguez précise qu’au Brésil, si une commission été mise sur pied et assure le suivi des pourparlers sur le changement climatique, les autorités semblent ne pas percevoir « les enjeux d’accélérer la mise en place des instruments devant permettre au pays de faire face à ce qui pourrait être un désastre sans nom ».
Il estime cependant que son gouvernement a fait des efforts importants de compréhension sur cet aspect de l’avenir de la planète. « C’est pour cette raison que nous avons soutenu la proposition des experts du groupe Afrique sur les compensations à apporter à la conservation. C’est pour cela que nous sommes également d’accord avec eux qu’il est urgent de faire payer à ceux qui polluent et promeuvent la déforestation ». Sur la question, le programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), fait valoir la suppression des subventions aux énergies fossiles. Cette mesure, selon cette agence des Nations unies, « pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre ».
Le porte-parole du Pnue, Nick Nuttall indique en effet qu’une évaluation faite des mécanismes de développement propre (Mdp), fait état de ce que, « des projets énergétiques respectueux de l’environnement voient le jour en Afrique sub-saharienne ».
Le rapport du Pnue à cet effet, conteste surtout que « l’idée reçue selon laquelle les subventions bénéficient aux pauvres, augmentant le nombre des mécanismes de soutien qui privilégient les classes supérieures de la société plutôt que celles à faibles revenus ». D’autant que, « ces subventions servent de plus en plus à détourner les fonds nationaux à des fins politiques. Dans le monde, près de 300 milliards de dollars (07% du Pib mondial), sont annuellement alloués aux subventions énergétiques ». Cette position est appuyée par le groupe des pays africains.