La capitale économique du Cameroun accueille le président candidat, pour un deuxième voyage de campagne électorale
Le président camerounais Paul Biya, candidat à sa propre succession pour l’élection présidentielle du 9 octobre prochain, est à Douala la capitale économique du pays ce jeudi 06 septembre à partir de 12 heures. Mardi, alors qu’il effectuait le voyage de Maroua, des équipes de son escorte et aussi de nombreuses unités de la garde présidentielle ont été aperçues sur la route qui relie Douala à Yaoundé la capitale politique. Des passagers d’un autobus qui faisaient des commentaires à ce propos ont plus pensé que le cortège attendrait Paul Biya à Douala Pour le conduire à Kribi dans la région du sud, où dit-on il serait attendu pour l’inauguration des travaux de construction du port en eau profonde dans cette localité. Autre indice, l’un des camions podium géants qui anime certaines mobilisation du RDPC, a été lui aussi aperçu à l’entrée de la ville de Douala, dans l’après midi du mercredi 5 septembre. Le dernier fait marquant aura été le renforcement du dispositif sécuritaire dans le quartier administratif de Bonanjo, où forces de l’ordre régulières et garde présidentielle sont visibles depuis mercredi soir.
C’est sa deuxième sortie officielle de campagne, après deux jours passés à Maroua, dans la région de l’extrême nord du pays. Le président sortant et candidat du parti au pouvoir (RDPC), devrait selon son agenda, passer deux jours dans la capitale économique, avec la tenue ce jeudi d’un grand meeting à la place de l’UDEAC. Il devrait aussi arriver dans un contexte marqué par le ralliement de l’UPC version Kodock, une des formations politiques influentes dans la région. Le président Biya trouvera aussi une communauté Sawa (Autochtones) en principe acquise à sa cause. Des chefs de l’ensemble de cette communauté ont tenu des réunions pour appeler leurs sujets à voter pour Paul Biya. Mais dans cette partie du pays, les consignes de chefferies sont moins suivies que dans la grande région du nord par exemple. Paul Biya arrive aussi dans une ville déchirée entre divers intérêts politiques et économiques. Depuis 1992 et sa période forte des « villes mortes » le RDPC n’a pas réussi à reconquérir complètement la ville de Douala, qu’elle partage encore avec le Social Democratic Front (SDF) de l’adversaire John Fru Ndi. Douala reste aussi une ville très indifférente à l’égard du pouvoir de Yaoundé. Malgré ses 3 millions d’habitants estimés, elle fait parti des localités qui ont connu le moins de nouvelles inscriptions sur des listes électorales.
Au cours de son intervention, le président Biya devra se prononcer sur les querelles qui divisent son parti dans cette ville. Mais surtout, il devra tenir le discours de la franchise face au milieu des affaires lui aussi très divisé. Malgré la mise en place d’institutions d’échange, les investisseurs nationaux principalement, sont encore très critiques à l’endroit des politiques économiques adoptées par Yaoundé. Le renforcement des capitaux et des investissements des nationaux sont aussi une des revendications des investisseurs camerounais. Pourtant à côté de cela, le candidat du RDPC devra aussi rassurer les investisseurs étrangers qui sont les plus importants avec une implication proche de 60% sur le Produit Intérieur Brut. (PIB). Ils constituent la principale pression de l’environnement économique sur le pouvoir. Plusieurs de ces entreprises sont françaises. La France reste le premier investisseur étranger au Cameroun avec une centaine de filiales employant quelque 30 000 personnes et plus de 200 entreprises appartenant à des ressortissants français dans tous les secteurs d’activité, peut on lire sur le site de l’ambassade de France. A contrario cependant, le président devra pouvoir inviter les investisseurs étrangers à plus s’impliquer dans le pays, en ouvrant par exemple davantage leurs capitaux aux investisseurs locaux, à travers notamment le marché financier. Paul Biya devra enfin rassurer le vaste secteur informel et celui des PME, leur apporter des réponses concrètes sur l’accès aux financements. Il devra aller au-delà de la simple banque des PME et des mesures incitatives, pour présenter un vrai programme de renforcement de l’économie. Le candidat Biya ne manquera sûrement pas de revenir sur l’incident des personnes armées sur le pont du Wouri, pour rappeler le besoin de paix et de sécurité. Mais dans une ville où le principal objectif des populations est la survie, seules des paroles aptes à permettre de sortir de cette situation seront les véritables bienvenues.