Le cas de Ewane ne court pas les rues, ce jeune camerounais a choisi la voie de la dignité malgré son statut
Plutôt que de s’apitoyer sur son sort parce ce qu’il est une personne handicapée, ce jeune camerounais de 30 ans révolus a choisi de pratiquer le métier de cordonnier au terme d’une formation entamée il y a quelques années déjà : c’est en février 91 que j’ai appris à pratiquer mon métier à Nkongsamba, ensuite je suis allé exercer à Limbé pour enfin me retrouver ici à Douala où je me suis installé définitivement. Contrairement à l’imagerie populaire, le métier de cordonnier nourrit bien son homme c’est du moins ce que nous révèle Ewane : mon gain moyen journalier est inférieur à 5000 Fcfa, il y a des jours où je me retrouve avec 3000 Fcfa, en fin de semaine en général mon compteur gain pointe 10 000 Fcfa en moyenne. Croyez moi c’est largement suffisant pour m’assurer l’essentiel, ce qui me permet de faire des économies, je paye ma maison car je suis en location et quand besoin se fait sentir je fais réparer mon tricycle, j’achète mes vêtements, je me ravitaille en ration alimentaire, bref j’assure le nécessaire comme un employé normal.
Aider ses semblables
C’est au c ur de Douala dans le quartier Deïdo que Ewane a choisi d’installer son atelier de cordonnerie, l’expérience et la dextérité aidant ce dernier a peu à peu conquis sa clientèle: je vis à Bépenda -environ 5 km de l’atelier de Ewane ndlr- mais je préfère venir jusqu’ici arranger mes chaussures et je puis vous dire que je connais beaucoup d’autres personnes qui viennent de ce côté-là pour profiter des services de ce cordonnier parce qu’il le fait bien, il le fait d’ailleurs très très bien c’est pourquoi nous l’avons surnommé Président affirme l’un de ses clients rencontré dans l’atelier ; ce qui me fait venir jusqu’ici c’est que quand je le vois en tant que handicapé, j’observe qu’il se débrouille et ça me fait énormément plaisir, j’ai envie de l’encourager en plus il fait du très bon travail renchérit un autre client. Au quotidien, sa tâche n’est pas des plus difficiles loin de là parce que c’est un métier qui ne me demande pas tellement d’énergie, je suis sur place du matin jusqu’au soir mon matériel est disponible dans mon atelier c’est vrai que de temps en temps je vais chercher certains instruments au marché mais c’est une situation très peu régulière. Donc en général vous ne trouverez sur place ce qui sied d’ailleurs à mon statut. Ce jeune entrepreneur a opté pour la formation de ses semblables afin de les encourager, mais surtout pour leur éviter de tomber dans la mendicité mes apprentis se sont d’abord des personnes handicapées comme moi. Aujourd’hui notre interlocuteur se bat pour agrandir davantage son atelier et former beaucoup d’autres personnes encore, une bataille qu’il dit gagner d’avance. Difficile de ne pas le croire au regard de sa détermination.