Le CEO de Thema, la société qui propose le Bouquet Africain en France évoque l’historique de ce projet, les évolutions et les difficultés rencontrées, notamment les contraintes juridiques
M. François Thiellet, vous êtes le président de THEMA, société spécialisée dans la distribution de chaines de télévision. Avant de parler de l’offre Bouquet Africain, présentez-nous l’entreprise Thema
Les activités de THEMA en Europe sont principalement axées sur les offres de télévision ethniques. En France, nous proposons entre autre, des bouquets russe, turque, allemand, indien, arabe, Etc. Nous sommes présent dans d’autres pays comme la Russie, Singapour ou encore l’Amérique du Nord et cette année, nous allons nous déployer au Royaume Uni. La spécificité de notre démarche est son approche scientifique si j’ose dire. Nous étudions la présence de diasporas, leurs tailles, leurs spécificités. Nous faisons des analyses « socio-ethnologiques », nous essayons de comprendre la relation qu’ils ont avec leur pays d’origine, s’il existe une barrière de la langue, combien de générations sont présentes. Il faut comprendre s’il y a une frustration, un manque des TV de leur pays d’origine, puis définir une offre, la tester et définir les prix, trouver la façon de les distribuer et faire le marketing derrière. Nous le faisons avec une méthodologie éprouvée.
Comment est né le bouquet africain ?
J’ai travaillé et monté des structures dans le milieu de l’audiovisuel depuis des années. En 1989, j’ai pris la direction de la chaîne musicale MCM, puis en 1996 j’ai fondé MCM Africa, qui est devenue par la suite TRACE TV. En 2001 j’ai dirigé Fashion TV puis en 2005 j’ai eu envie ensuite de créer une société qui allait accompagner les chaines dans leur développement. Profitant des évolutions technologiques nous avons commencé à travailler sur le développement d’offres « ethniques », en particulier « le Bouquet Africain ». Deux faits ont appuyés cette décision : J’avais travaillé sur le développement des chaines françaises en Afrique et j’avais envie de faire le contraire. Ensuite, le développement de l’ADSL a ouvert les possibilités et a limité les contraintes technologiques.
Quelle est l’historique de l’entrée des chaines camerounaises dans le Bouquet Africain ?
On a commencé par les chaines publiques qui, en Afrique, sont davantage des chaines nationales. Il y avait donc, au lancement, en octobre 2008 six chaines publiques dont la CRTV du Cameroun et une chaine, privée, 2Stv du Sénégal. Peu à peu, nous avons ajouté d’autres chaines. En avril 2009, nous avons ajouté donc Canal 2 International, STV2 et quelques mois après Equinoxe TV. Aujourd’hui il y a jusque 19 chaines dont 17 sont produites en Afrique (chaines hertziennes). TRACE Africa, qui propose des clips africains, et NOLLYWOOD TV sont les deux chaines complémentaires, réalisées depuis la France. Cette dernière est la première chaîne dédiée à la fiction africaine en particulier, celle produite par l’industrie du Nollywood, cinéma du Nigéria. Disponible depuis octobre 2012 sur FREE et depuis décembre sur SFR, elle propose des films entièrement doublés en français et des clips de musique gospel entre les programmes.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Au début, les chaînes de télévisions en Afrique étaient méfiantes envers mon discours car en gros je leur disais je vais récupérer votre signal, m’occuper des problèmes techniques, des problèmes de droits, ça ne va rien vous coûter et je vais vous donner de l’argent. Heureusement que certains me connaissaient, ce qui a facilité les choses. C’était assez difficile et puis techniquement c’était très compliqué. Il y avait les problèmes d’occultation car les chaines africaines n’ont pas de version internationale. Leur chaîne est conçue pour le territoire national. C’est pour le territoire national qu’ils achètent ou qu’on leur donne les droits. Quand on sort du territoire, on ne peut pas toujours exploiter ces droits. Et à ce moment il faut changer les programmes ou les retirer. On est obligé de bloquer comme on l’a fait pour les matches de la Coupe d’Afrique des Nations.
Et ça arrive très souvent ?
Ça n’arrive pas très souvent, mais par exemple c’est le cas en période de CAN et ça c’est une souffrance parce que les abonnés ne sont pas contents et nous non plus parce nous n’aimons pas créer la frustration. Mais nous n’avons pas le choix parce qu’en France les droits de la CAN ont été achetés. Nous avons essayé de trouver des solutions. Nous avons un partenariat avec Africa N°1, et pendant les périodes d’occultations c’est le signal d’Africa N°1 que les abonnés peuvent entendre. Donc ils peuvent suivre les commentaires avec les points de vue des spécialistes. Et après ils ont toutes les émissions d’analyses, de commentaires sur les chaines du Bouquet Africain. Nous sommes aussi partenaires de sites comme afrik-foot pour avoir des commentaires en direct des journalistes qui étaient en Afrique du sud et qui suivaient les matches. On s’est associé à un programme pour donner les résultats des matches et des scores en temps réel.
Avez-vous des informations sur votre public ?
Il a beaucoup évolué depuis le lancement de l’offre.
Quels sont les services supplémentaires que vous proposez sur votre site internet ?
Le site Internet est davantage un produit d’accompagnement des chaines de télévision. On essaie d’avoir le maximum d’informations sur les programmes et les temps forts. C’est surtout un relais de l’information complémentaire au site des opérateurs. Quelles sont les chaines disponibles ? Comment s’abonner ? Comment y avoir accès ? Nous sommes aussi partenaire de nombreux évènements, nous les mettons en avant sur le site pour les présenter à nos abonnés et informer la communauté de ces temps forts.