Le Comité de protection des journalistes estime que Jean Marie Tchatchouang peut purger ses deux mois de peine avec un sursis
Le Comité de protection des journalistes, une organisation qui défend les droits des journalistes dans le monde entier, a demandé jeudi 28 mars 2013, que soit libéré Jean Marie Tchatchouang, un journaliste condamné au Cameroun lundi 25 mars dernier à deux mois de prison fermes par un tribunal de Douala la capitale économique du pays. « La justice a condamné notre client à deux mois d’emprisonnement fermes, au paiement de 2 millions de FCFA d’amendes à monsieur Jean Ernest Bibehé le Directeur Général de la SOCATUR et au paiement des dépens de l’ordre de 435 910 FCFA », a fait savoir Alain Zogo, l’avocat du journaliste, selon des informations rapportées par le CPJ. Sur ordre des juges, le journaliste a été immédiatement incarcéré à la prison centrale de New Bell, alors même que le droit pénal camerounais donne une possibilité de condamnation avec sursis. Les avocats d’Alain Tchatchouang envisagent d’interjeter appel de la décision avec d’obtenir sa libération conditionnelle. La condamnation de lundi est la conséquence d’une deuxième plainte de monsieur Bibéhé. En 2011, Alain Tchatchouang avait été condamné à 6 mois d’emprisonnement et son journal « Paroles » avait été frappé d’interdiction.
Son avocat décrie la situation qui consiste à accuser systématiquement les journalistes de diffamations lorsque ceux-ci portent à l’attention du grand public des informations sur des malversations qui auraient été commises. Le Directeur général de la SOCATUR avait porté plainte contre Alain Tchatchouang pour des articles dans lesquels le journaliste faisait savoir que celui-ci avait commis des actes de détournement de fonds et de malversation en compagnie de sa femme qui occupe le poste de directrice des ressources humaines. Monsieur Bibéhé et son épouse ont toujours nié ces accusations et ont accusé le journaliste. De toute évidence, ils n’ont pas aussi joui de leurs droits de réponse et obtenu plutôt la suspension du journal. Les rapports entre les journalistes et les responsables d’administration publiques ou parapubliques sont très complexes au Cameroun. Les faits actuels indiquent pourtant que les informations de corruptions et détournement révélées par la presse ne sont pas toujours de la diffamation. A chacun de ses rapports, la Commission nationale anti-corruption a souvent confirmé des révélations faites dans certains médias. Dans le cadre de l’opération dite épervier, près de 70 anciens hauts responsables et cadres du pays sont aujourd’hui en détention ou condamnés pour des faits de détournements publics. Il a souvent été démontré que des journalistes sont manipulés dans le cadre des guerres politiques entre membres du même parti, notamment le RDPC au pouvoir. Mais à chaque fois, lorsqu’il revient à un juge de se pencher sur la question, le journaliste accusé risque la prison. Le procès en appel d’Alain Tchatchouang débute le 04 avril prochain, a fait savoir son avocat.