La police lui reproche d’avoir tenu des propos subversifs après son agression, le 10 septembre dernier, à Brazzaville
La police congolaise a annoncé avoir expulsé du Congo-Brazzaville vendredi, 26 septembre, Elie Smith, journaliste camerounais travaillant à la télévision privée Mntv, proche du pouvoir, avec interdiction formelle d’y séjourner, selon un communiqué de la direction générale de la police nationale.
« Pour la direction générale de la police, cette décision fait suite à un certain nombre d’actes et de propos subversifs qui sont imputables à Elie Smith », précise le communiqué, ajoutant qu’il est reproché à l’intéressé d’avoir été en intelligence avec « des puissances étrangères uvrant contre les intérêts de la République du Congo ».
« Au-delà de son métier de journaliste, Elie Smith a fait preuve d’un activisme politique débordant, en contradiction fragrante avec la déontologie de sa profession », lit-on dans le communiqué de la direction générale de la police.
Dans la nuit du 9 au 10 septembre dernier à Brazzaville, Le journaliste camerounais avait été victime d’une agression à son domicile. La police avait annoncé, le 14 septembre, avoir arrêté cinq hommes qualifiés d’auteurs du braquage. Elie Smith avait réagi à l’annonce de la police en insinuant qu’il y aurait des commanditaires derrière cette agression.
Avant son expulsion, Elie Smith travaillait pour MNTV, chaine de télévision appartenant à Maurice Nguesso, le frère aîné du président Denis Sassou-Nguesso. Élie Smith a assumé pendant plusieurs années les fonctions de directeur de la chaîne MNTV et directeur des études et planification du Groupe MN Com. Il était également animateur d’une émission « La Grande interview » diffusée tous les dimanches sur la même chaîne.
L’expulsion d’Elie Smith est la deuxième en une semaine après celle de la journaliste Sadio Kanté pour Bamako au Mali, qui a eu lieu mardi, 23 septembre 2014, pour défaut de titre de séjour. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé à New York a condamné les autorités congolaises pour avoir expulsé la journaliste du pays. La police l’a accusée d’avoir troublé la paix, de consommation de drogues et de séjour illégal.
« Kanté a nié ces allégations et a affirmé qu’elle est une citoyenne congolaise parce que, bien que son père soit malien et sa mère sénégalaise, elle est née à Brazzaville, selon les informations relayées par la presse et comme le montrent une copie de son certificat de naissance et une carte d’identité congolaise », a noté le CPJ. Avant son expulsion, Kanté a déclaré avoir reçu des menaces dans le cadre d’articles qu’elle a publiés sur l’attaque du journaliste camerounais Elie Smith.