le député de la Manyu a démissionné d’un poste à l’Assemblée nationale..
Quelle mouche a encore piqué l’honorable Paul Ayah Abine? La question, sans être anodine, taraude nombre d’observateurs et d’acteurs de la politique au Cameroun. Une interrogation qui survient après la décision de ce dernier de démissionner de son strapontin de président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale où il siège depuis 2002.
Et pour l’observateur averti, cette interrogation n’est point dénuée de tout fondement. Tant l’on est habitué au pays de Paul Biya de voir peu d’hommes refuser de participer à «la mangeoire» que constituent les postes de responsabilité au sein de l’appareil étatique et législatif. En adressant cependant cette lettre au président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) via le président du groupe parlementaire Jean-Bernard Ndongo Essomba, ce député de la Manyu, région du Sud-Ouest poursuivait dans la même lancée de son refus il y a quelques mois, au sein de la même chambre, de donner sa voix pour la modification de la constitution qui en son temps avait fait beaucoup de vagues.
A l’époque en effet et convaincu de ce que cette modification «ramenait notre pays 20 ans en arrière», cet homme au physique de
baroudeur en avait frappé plus d’un. Ce qui rentrait en droite ligne de l’option de celui-là que les proches qualifient d’«esprit brillant». Lui qui a été major de sa promotion à l’Enam en 1976, ce qui lui valut alors le privilège de recevoir les «félicitations à mains propres de l’ancien président de la République Ahmadou Ahidjo qui était descendu à l’Enam pour cela». Mais depuis six ans, il a arrêté une brillante carrière de magistrat et partage désormais sa vie entre sa ville de Akwaya qu’il dit «être facilement accessible par le Nigeria que par Mamfé le chef lieu du département», Yaoundé pour les sessions à l’hémycicle et Buéa où travaille son épouse rencontrée l’année de son entrée à la section magistraturede l’Enam.
Homme de convictions
Esprit brillant qui, de sa position de magistrat hors hiérarchie, s’est mis en disponibilité de la Fonction publique pour embrasser une carrière politique et n’a pas eu peur d’affronter la pression et l’adversité des siens. Ne disait-il pas déjà en mars dernier que «Je suis seul contre 150» dans cette bataille où le parti au pouvoir ne voulait voir aucun des siens manquer à l’appel de la modification constitutionnelle ? Une situation qui l’avait pour le moins irrité, surtout qu’à l’époque Emilia Monjowa Lifaka, une collègue du parlement, avait voté en ses lieu et place pour cette modification alors qu’il n’avait laissé aucune procuration avant son départ précipité de l’hémycicle pour un problème dans sa circonscription.
Le 30 novembre dernier, il a donc démissionné. Lui qui affirme être arrivé à la politique par passion et par souci d’aider les siens. Il aurait bien pu poursuivre une carrière de magistrat qu’il a interrompu alors qu’il était vice-président de la cour d’appel de Buéa. Des convictions partagées par l’un de ses collègues de la Commission des Affaires étrangères qu’il dirige encore jusqu’à la prochaine session de mars où prendra effet sa démission. «On avait déjà eu maille à partir avec lui au cours de l’examen en novembre 2007 du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l’accord de Cotonou, parce que le projet était arrivé sans une copie de l’Accord». Ce magistrat de formation qui a gagné les rangs de l’Assemblée nationale en 2002, interrompant une carrière qu’il a exercée pour l’essentiel dans la partie anglophone du Cameroun (dans les villes de Nkambé, Mamfé, Kumba.)
Ces convictions, il continuera de les appliquer au sein de la chaùmbre et avec l’espoir que sa «décision ne causera aucun tort à l’Assemblée nationale». Sur les raisons de sa démission, il met en exergue sa mise à l’écart des activités de la commission dont il est pourtant le président et souhaite ainsi arrêter de jouer les faire valoir. Il fait également savoir que la dégradation des relations avec certains de ses collègues et camarades de parti dont il parlait déjà dans descorrespondances adressées au président de la Chambre, au président du groupe et à la direction du Rdpc en juin et juillet 2008, explique cette décision mûrement réfléchie.