Leur état de vétusté et de délabrement mérite une attention particulière des pouvoirs publics
Le visage que présentent aujourd’hui les écoles publiques, don japonais, est d’une tristesse alarmante. Pourtant ce projet, qui entre en droite ligne de la coopération entre le Cameroun et le Japon, était porteur d’espoir. L’espoir de voir améliorer le niveau d’éducation et d’encadrement des élèves. Il s’agissait en fait de promouvoir l’éducation primaire pour tous et l’égalité des sexes à l’horizon 2015. Le don japonais visait entre autres l’amélioration de la performance des élèves , la décongestion des écoles primaires et l’amélioration des conditions de travail des enseignants chargés de former tous ces futurs cadres de demain. Le don japonais fait partie des grands axes de la coopération financière non remboursable évaluée à 4,5milliards de francs CFA. Déjà, le 29 septembre 2003, à l’occasion de la TICADIII (conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique), en présence du président Paul Biya, la partie Japonaise avait clairement manifesté sa volonté d’aider le Cameroun dans son processus de modernisation de ses infrastructure scolaires.
Actuellement, 7 des 10 régions que compte le Cameroun, abritent au moins une école publique du don japonais. Et depuis la première phase du projet lancé en 1997, c’est au total 94 écoles publiques qui ont été construites sur 92 sites soit 1200 salles de classes. 11ans après cet important investissement de l’Empire du Soleil Levant au Cameroun, toutes ces écoles ont perdu leur éclat : Les bâtiments jadis propres et beaux, frappent le visiteur par une saleté débordante. Dans les toilettes réservées aux élèves l’odeur des excréments est insupportable. Les besoins se font quasiment à même le sol, les canalisations d’eau et autres équipement sanitaires sont bouchées. Sur les murs et le plafond les toiles d’araignée font partie du décor. A cela s’ajoute le problème de maintenance, d’entretien de tous ces bâtiments. Les écoles publiques japonaises souffrent aussi des actes de vandalisme, orchestrés par certains élèves et des riverains. L’incivisme et l’irresponsabilité des dirigeants sont aussi à mettre dans ce lot des goulots d’étranglement qui dévalorisent ces « cadeaux japonais ».
Il est bien vrai que la partie camerounaise au lancement du projet avait uvré dans le cadre de l’aménagement des sites, la viabilisation de ceux-ci, par la construction des adductions d’eau et d’électricité pour les travaux. En 2004, les entrepreneurs chargés de diriger les travaux avaient formé les futurs utilisateurs sur les questions liées à la maintenance. Un budget de 900millions de francs CFA serait réservé chaque année pour pallier tous ces manquements. Mais où va cet argent là est la question. Sur les 92 sites 77 ont des clôtures. Le Cameroun qui voudrait intensifier sa coopération avec le japon dans ce secteur aura-t-il des coudées franches ? Le pays de PAUL BIYA a fait une requête à la coopération japonaise pour la construction des écoles normales d’instituteurs. Le but ici est de former des hommes qui seront à même d’apporter un savoir digne aux enfants de ces différentes écoles. Une mission japonaise est d’ailleurs attendue au Cameroun en mars prochain pour se prononcer sur cette question. La ministre des enseignements de base, HAMAN ADAMA a donc du pain sur la planche et devra multiplier des descentes inopinées dans ces écoles pour toucher du doigt la réalité sur le terrain. Car comment peut-on réussir dans une école où les salles de classe sont sales avec des tables bancs cassés, où l’infirmerie est inexistante et où les toilettes dégagent une odeur nauséabonde ? Une école où les maitres brillent par une démotivation, et un laxisme au plan de la discipline? Peut-on encourager les investisseurs étrangers à choisir la destination Cameroun si les Camerounais eux-mêmes ne mesurent pas la portée et l’impact des dons venus de l’extérieur pour le développement de leur pays ? Voilà autant des questions qui se posent avec acuité. Il faut donc que la crise de conscience des uns et des autres se transforme en une véritable prise de conscience. Dans le cas contraire, les différents responsables de la décrépitude de ces écoles, devront alors « rendre gorge », pour reprendre le Président PAUL BIYA.