Cameroun: Des diocèses en rang de bataille pour faire face aux évangéliques

A l’Ouest du Cameroun, un évêque dénonce l’action de certaines églises évangéliques et souhaite réorganiser son diocèse pour promouvoir une évangélisation de proximité

Comment l’Église catholique doit-elle s’organiser face à l’expansion des évangéliques? La question se pose avec acuité dans plusieurs diocèses d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, où les Églises évangéliques se multiplient. Indépendantes ou liées à des Églises organisées, il s’agit le plus souvent de petites communautés regroupant quelques dizaines de personnes, même s’il existe également des «mega-churches» ici et là.

À Bafoussam, une ville de 350 000 habitants à l’ouest du Cameroun, il existe plus d’une centaine d’églises de ce type et elles ont de très nombreux fidèles. «Les Églises de réveil sont de véritables vendeuses d’illusions et attirent les personnes naïves : les enfants, les mamans d’un certain âge et les personnes en difficulté», déplore l’évêque de Bafoussam, Mgr Dieudonné Watio.

«Lavage de cerveau»

Il dénonce également la confusion entretenue par ces pasteurs avec l’Église catholique : «Les pasteurs de ces églises s’habillent comme les prêtres, les évêques et parfois même comme des cardinaux». Employant des mots très durs, l’évêque parle du «lavage de cerveau» que ces églises font subir aux fidèles. «Les fidèles qui ont quelques difficultés surtout sur le plan matériel se laissent facilement attirer.»

D’après l’institution de recherche américain Pew Research Center, en 2010, le Cameroun comptait  38,3 % de catholiques et 31,4 % de protestants (dont une partie des fidèles des Églises évangéliques). 18,3 % des Camerounais sont musulmans.

Pourquoi les catholiques rejoignent-ils ces Églises évangéliques ? «Certains départs s’expliquent par un manque d’encadrement adéquat», répond Mgr Watio, qui cite notamment la nécessite d’une «bonne catéchèse», et surtout une «pastorale d’écoute attentive des personnes en difficulté».

«Mise en place d’un développement solidaire»

Sur le plan matériel, la Caritas diocésaine veut contribuer à « aider les gens à sortir de la pauvreté matérielle » et, ainsi, à ne pas céder aux promesses matérielles des Églises de réveil. « Des groupes de paysans sont formés à la culture de produits dont la vente leur procure des moyens financiers pour faire face à quelques-uns de leurs problèmes », poursuit Mgr Watio, qui dit également travailler « à la mise en place d’un développement solidaire ».

Une manière de permettre à la population « de se prendre progressivement en charge et d’être ainsi fiers de ne plus se voir dépendants des gens qui leur proposent de l’argent pour les attirer dans leurs filets ».