Cameroun: persistance du taux de prévalence au VIH/Sida chez les homosexuels

Le taux de prévalence chez les homosexuels est actuellement de 44,3% à Yaoundé et 24,2% à Douala, selon des données du ministère de la Santé publique

Le taux de prévalence du VIH/Sida chez les homosexuels est actuellement de 44,3% à Yaoundé et 24,2% à Douala, les métropoles politique et économique du Cameroun, selon des données du ministère de la Santé publique

Ces chiffres sont quasiment les mêmes que ceux publiés voici 4 ans par Affirmative Action (ACT), une association de jeunes locaux dédiée à la promotion des droits humains et droits en santé sexuelle et reproductive des groupes sociaux marginalisés.

Selon cette ONG en effet, le taux de prévalence à VIH chez les homosexuels était, en 2012, le plus élevé au niveau national, soit 37,2% (44% à Yaoundé contre 24% à Douala).

D’après le profil des estimations et projections en matière de VIH et sida au Cameroun (2010-2020) dressé par cette organisation, il y avait environ 19.000 homosexuels au Cameroun en 2012 avec une forte concentration dans les zones urbaines, notamment les deux cités évoquées.

D’une manière générale, ACT observe un faible taux de participation des homosexuels dans les activités de mobilisation, «sûrement dû au cadre juridique camerounais qui pénalise les relations entre personnes de même sexe et au contexte socioculturel qui  »force » au mariage traditionnel».

Le Code pénal camerounais punit d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d’une amende 20.000 à 200.000 FCFA, «toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe».

S’agissant d’autres groupes vulnérables à la pandémie, le ministère camerounais en charge de la Santé publique indique que la séroprévalence est actuellement de 16,3% chez les camionneurs, 36,7% chez les travailleuses du sexe, 16,8% chez les populations carcérales et 10% chez les femmes âgées de 35 et 39 ans.

D’une manière générale, et selon les données officielles, le taux de séroprévalence au VIH/Sida dans le pays est actuellement de 4,3%, contre 5,5% en 2004 pour une population estimée à 22 millions d’âmes.


Droits réservés)/n

Les Camerounais au-dessus de la moyenne de tolérance

Selon le rapport Afrobaromètre publié le 01er mars 2016, les Camerounais sont tolérants à la présence des personnes issues d’autres ethnies, confessions réligieuses et celles souffrant de VIH-Sida

Qui est le voisin idéal ? Au Cameroun la question ne se pose presque pas. Et pour cause, les Camerounais sont tolérants. C’est ce qu’il ressort du round 6 d’Afrobaromètre, un sondage que le réseau de recherches indépendant effectue tous les deux ans dans les pays africains. Objectif, établir de nouvelles données sur les attitudes des africains envers la gouvernance, les conditions économiques et autres questions connexes à travers l’Afrique.

L’enquête d’Afrobaromètre qui s’étendait sur 33 pays d’Afrique a été réalisée au Cameroun entre janvier et février 2015 auprès de 54.000 personnes. Les questions retenues pour cette étude, 2e du genre, Sont centrées sur la tolérance envers des personnes qui sont différentes sur la base de l’appartenance ethnique, de la religion, de la nationalité, de l’affiliation politique ou de l’orientation sexuelle.

Pour chacun les groupes de personnes cités, les répondants devaient indiquer s’ils souhaiteraient les avoir pour voisins, s’ils n’aimeraient pas cela, ou si cela n’a pas d’importance pour eux.

Dans cette lancée, 52% des répondants ont affirmé que cela n’avait pas d’importance que leur voisin vienne d’une autre ethnie ; 25% ont indiqué aimer fortement cela et seuls 2% manifesté fortement leur gêne face à cette idée.

S’agissant de la tolérance envers les personnes appartenant à une autre confession réligieuse, les statistiques publiées Indiquent que 51% des Camerounais n’accordent pas d’importance à cela ; 22% aiment fortement cette différence et 4% sont réfractaires à cette idée.

Le même rapport indique que 52% des Camerounais n’accordent pas d’importance à ce que leur voisin soit un expatrié. 13% des répondants apprécient cette cohabitation et pour 6% des personnes interrogées, cela est un véritable problème.

Concernant les personnes vivant avec le VIH-Sida, 12% des répondants ne tolèrent pas leur proximité. Tandis que pour 53% des Camerounais, cela ne change rien. Les homosexuels représentent la catégorie de personnes qui ne sont pas tolérés dans le pays. Si 10% des personnes indiquent ne pas accorder d’importance à ce critère de distinction, 80% détesteraient fortement avoir un voisin homosexuels et 3% n’ont pas d’avis sur ce sujet.

De l’avis des spécialistes en sciences sociales qui ont mené les entretiens sur le terrain le dégré de tolérance le plus élevé s’est manifesté chez des jeunes âgés de 18-30 ans ; des citadins ; des personnes ayant accès aux médias, des chrétiens ; des hommes et des membres d’une population diversifiée.

Le Round 6 d’Afrobaromètre est entre autres réalisé sous la coordination du Centre pour le développement de la démocratie (CDD) au Ghana, l’Institut de justice et de la réconciliation (IJR) en Afrique du Sud, l’Institut des études de développement (IDS) à l’Université de Nairobi au Kenya.

L’Université d’Etat du Michigan et l’Université de Cape Town apportent une assistance technique au projet. Le soutien financier a été fourni par de nombreuses institutions à l’instar du Département britannique pour le développement international (DFID), la Fondation Mo Ibrahim, etc.

Capture d’écran
Droits réservés)/n

Maroua: deux homosexuels surpris dans un hôtel

Agés entre 16 et 20 ans, ils ont été pris en flagrant délit par des éléments des forces de l’ordre camerounaises et sont passés aux aveux

Le couple d’homosexuels qui a provoqué le courroux des habitants de Maroua, chef-lieu de la région de l’ Extrême-Nord, est constitué de Saladine Bouba et Camto Branam. L’un, âgé de 20 ans (chauffeur) et l’autre de 16 ans (employé dans un night-club).

L’histoire a été rapportée sur les ondes de la radio nationale (Crtv) le 01er mars 2016. Selon certaines investigations, c’est au bout d’une rencontre que les deux jeunes vont sympathiser et échanger des messages par téléphone. Quelques jours plus tard, l’ami de Camto Branam aurait exigé qu’ils se retrouvent dans une chambre d’hôtel pour être à l’abri de tous soupçons. « Il m’a pris en voiture nous sommes allés chez lui, il m’a demandé qu’on fasse l’amour. J’ai dit non ! Une autre fois. Par la suite, il m’a envoyé un message me demandant qu’on se retrouve à l’hôtel ».

Des déclarations que rejette Saladine Bouba qui dit avoir plutôt été invité par le jeune adolescent. « Je lui ai demandé pourquoi on se retrouve à l’hôtel, il m’a dit que ce n’est pas prudent chez eux et qu’il se sent à l’aise à l’hôtel », a-t-il expliqué à son tour.

Dans leur chambre d’hôtel, les deux présumés homosexuels n’ont eu que le temps d’enlever quelques vêtements lorsque les éléments de la police et le substitut du procureur de la République ont fait irruption dans leur loge. Les deux hommes passent aux aveux complets, avant d’être conduits au commissariat central de Maroua.

A ce jour, l’affaire est pendante devant les juridictions ou Saladine Bouba comparait libre.


Droits reservés)/n

L’Afrique du Sud lance un programme de protection des homosexuels

Ledit programme, visant à protéger les gays, les lesbiennes, les bisexuels, les transsexuels et les intersexes (LGBTI), a été lancé hier

L’Afrique du Sud a lancé mardi un programme visant à protéger les gays, les lesbiens, les bisexuels, les transsexuels et les intersexes (LGBTI), dans le cadre du Mois de Liberté, qui fait suite à la Journée de Liberté célébrée le 27 avril. Prenant la parole lors d’une cérémonie de lancement du programme à Johannesburg, le ministre sud-africain de la Justice et du Développement constitutionnel, Jeff Radebe, a déclaré que les auteurs des violences contre les communauté LGBTI ne seraient tolérés.

Le système judiciaire de l’Afrique du Sud répondra durement aux auteurs de tels comportements discriminatoires, a-t-il averti. Alors que 38 Etats africains criminalisent l’homosexualité, l’Afrique du Sud est un leader du contiennt dans la protection des droits des communauté LGBTI et le premier pays du monde a avoir interdit légalement la discrimination basée sur l’orientation sexuelle.

En 1999, l’Afrique du Sud a adopté la Loi contre la violence domestique, d’après laquelle la relation de même sexe est une  » relation familiale » et bénéficie de la protection juridique. Le pays a aussi légalisé le mariage homosexuel.

En Afrique du Sud, le changement de sexe est autorisé par la Loi sur la modification de la description sexuelle et du sexe, adoptée en 2003. « Notre Constitution jette les bases pour constuire une société démocratique, non raciale, non sexiste, unie et prospère, fondée sur la justice, l’égalité, la primauté du droit et les droits inaliénables de tous », a indiqué M. Radebe.

Le ministre sud africain de la justice et du développement constitutionnel, Jeff Radebe (au milieu)
afriquinfos.com)/n

Me Alice Nkom: L’Etat doit protéger les droits de tous les être humains

Avocate au barreau du Cameroun, elle répond à l’appel pour une journée nationale de lutte contre les homosexuels. Elle qui a fait de la défense des minorités, son combat

Le Rassemblement de la Jeunesse Camerounaise (Rjc) a organisé le 21 août dernier, un rassemblement pour lutter contre l’homosexualité au Cameroun. Votre avis sur cette journée que l’association veut instituer?
En réalité, il s’agit juste d’une vingtaine de jeunes « loubards » qui ont aidé à distribuer quelques tracts et T-shirts dans quelques quartiers de Yaoundé. Il n’y a donc eu ni meeting, ni raz-de-marée comme annoncé à grands renforts de publicité. Il n’y a pas eu non plus d’appels à la haine, à la division, ou encore à l’inquisition. Un fait qui nous rassure sur la maturité de nos jeunes. Ces derniers savent qu’ils ont des défis sérieux à relever ensemble, unis, regardant dans la même direction. Une jeunesse camerounaise qui partage les valeurs portées dans notre Constitution et dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Une jeunesse qui doit affronter de sérieux problèmes tels que la pauvreté, le chômage. Le jeune de notre pays sait qu’il ne pourra pas éradiquer les affres de la maladie, du SIDA et autres par des slogans haineux pouvant compromettre la nécessaire cohésion sans laquelle il n’y a ni nation, ni paix ! La jeunesse veut des solutions aux problèmes concrets d’eau, d’électricité, de rentrée scolaire si difficile pour des parents, et elle veut s’arrimer à la modernité, au même moment et au même titre que les autres jeunes du monde entier, à l’heure de la mondialisation. De tout cela, Sismondi Barlev (Ndrl, porte-parole du Rassemblement de la Jeunesse Camerounaise) et sa bande ne disent mot et n’ont aucune proposition sérieuse et concrète à proposer. Pire, ils veulent empêcher quiconque de réfléchir sur ce qui les rassemble en exacerbant ce qui divise et qui est source de guerre avec la désolante misère qui en découle. Je sais que des SISMONDI existent dans tous les pays, heureusement, les SKINHEADS ou les membres du KU KLUX KLAN n’ont jamais été la tranche la plus représentative d’aucune société au monde!

Que répondez-vous à Sismondi Barlev Bidjoka, porte parole du RJC, qui pense que l’homosexualité est un crime pour l’humanité?
Ce jeune homme se gargarise de ces grands mots dont il ne veut pas se donner la peine d’apprendre le sens, et comme tout extrémiste, il pense que c’est en étant agressif et excessif qu’il va frapper les esprits et faire peur ! Il se trompe, bien sûr ! J’ai consulté le dictionnaire et voici ce qui y est dit au sujet de cette expression « Crime contre l’Humanité» : « Violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un groupe d’individus inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux ». Si l’on a bien lu cette définition, le criminel de l’Humanité ressemble beaucoup plus à Sismondi qu’à ceux qu’il vise et qui sont en réalité ses victimes.

Votre combat pour la cause des minorités et des homosexuels date de quelques années maintenant. Pensez vous que les mentalités ont évolué au Cameroun?
Oui, beaucoup, mais discrètement. Celui qui a évolué dans sa vision de l’homosexualité au Cameroun n’ira pas l’exprimer en distribuant les tracts et T-shirts dans les quartiers, à grands renforts de publicité et de tapage médiatique. Tous les tonneaux ne sont pas vides au Cameroun. J’ai vu des retours et des retournements dans la sphère religieuse, et même des juristes. Ceux qui de tout temps, ont bien écouté mes différentes interventions médiatiques, ont admis que je ne faisais pas la promotion de l’homosexualité comme aiment à le ressasser les paresseux de l’écoute et de la réflexion, mais qu’au contraire, je faisais la promotion des mêmes valeurs qu’eux, telles que l’amour du prochain, la tolérance, le respect de l’être Humain dans toute sa diversité. Plusieurs ont reconnu qu’en fait j’étais, sur ce plan là, plus proche des agissements de Jésus – à l’instar de la protection qu’il a apporté à la prostituée et des paroles qui ont été les siennes en la circonstance – que ceux qui prétendent en être les représentants sur terre et qui excluent, divisent et condamnent, « jettent la première pierre » ; eux, les bons bergers envoient leurs moutons jugés de mauvaise couleur à l’abattoir !

D’aucuns vous répondront que ce n’est pas africain
Nous ne disons pas que l’homosexualité est une valeur africaine – C’est une orientation sexuelle naturelle – Mais nous n’acceptons pas non plus qu’on affirme que l’Afrique n’est pas un continent de paix, de tolérance, d’amour, d’hospitalité, de respect et de fraternité. Toutes ces valeurs qui constituent la raison d’être de notre combat et qui sont bafouées par les lois qui répriment trois types de sexualité pour n’en protéger qu’une, créant ainsi une injustice qui met à mal la valeur « Egalité » des droits, qui, avec celle de « Liberté », sont les toutes premières contenues dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de notre Constitution. Conséquemment, il y est dit « Tous les Hommes naissent libres et égaux en droits. » On peut être homosexuel, bisexuel, lesbienne ou transgenre, on n’en est pas moins un Humain à part entière, avec tous les droits et toute la dignité qui s’y attache et l’Etat doit protéger les droits de tous les être humains (droit à la vie privée, à la santé, à la vie, à l’intégrité physique, à un domicile, à la sexualité, etc.) On ne perd pas ses droits parce qu’on aime X et pas Y. Et on ne devrait jamais être emprisonné à cause de qui on aime et qui vous aime en toute responsabilité.

La bataille reste tout de même difficile dans un contexte où même la morale et la Religion sont intransigeantes sur la question
De quelle morale s’agit-il ? Celle qui écoute aux portes, et vous transforme en voyeur et en violeur de la vie privée de l’autre, en justicier de l’inquisition ? En semeur du venin de l’intolérance ? Celle qui provient de traditions de l’excision, des outrages de la veuves, des affres de la polygamie, elle-même condamnée par notre Code Pénal et par l’Eglise Catholique ? De quelle morale parle-t-on ? Celle des coutumes et traditions barbares et condamnées par nos lois ? Les Homosexuels contribuent au développement de toute société et à l’épanouissement individuel. Ils sont vos médecins, vos avocats, vos ministres, vos députés, vos ingénieurs, vos savants, vos stars, vos rois, vos empereurs, vos créateurs, vos peintres préférés, vos astronautes, vos fils et filles, vos amis, vos maris et que sais-je encore ? Pourquoi cesser de les aimer le jour où on le découvre ?

Me Alice Nkom est avocate au Barreau du Cameroun et défend les minorités
Bertrand Gaudillere/Item)/n